Tahaa : les enfants qui déjeunent à la cantine scolaire ne mangent plus de pain

Située comme chacun sait aux îles Sous le Vent, Tahaa est une commune dont la Tavana est très impliquée dans la vie quotidienne de ses administrés. La commune vient de prendre une décision très remarquée par les professionnels de la restauration scolaire et les autorités de santé : le retrait du pain des repas servis dans les cantines des écoles de l’île.
Céline Temataru est la tavana de la commune de Tahaa

Située à Patio, la cuisine centrale de la commune de Tahaa prépare quotidiennement environ 760 repas et livre 7 écoles tout autour de l’île. La plus grande école compte 280 enfants alors que la plus petite avoisine 15 enfants.

Pour assumer toutes ces taches, 6 agents sont affectés à la cuisine centrale et 15 sont localisés dans les restaurants scolaires. « Les femmes et les hommes qui travaillent dans ce service sont plein d’attention pour les enfants et c’est ça le plus important » déclare à leur propos le tavana Céline Temataru.

Depuis son élection à la tête de la commune en 2014, sa priorité est l’école dans son ensemble, en classe ou à la cantine. Elle souhaite donner le maximum de chance aux enfants de la commune, tout ce qu’ils ont besoin pour mener une bonne scolarité et qu’ils ne puissent pas reprocher certains manques à la commune plus tard. Elle souhaite tout mettre en œuvre pour qu’ils réussissent.

Le retrait du pain dans les cantines scolaires de Tahaa

Avant la rentrée scolaire d’août 2014, le Tavana avait regroupé les femmes de service puis les cantinières pour des réunions qui ont pointé du doigt le gaspillage alimentaire. Selon elles, les enfants préfèrent manger du pain avec de la sauce et le reste des aliments part à la poubelle. En effet, même si elle effectue des visites de temps en temps dans les cantines pour y voir ce qu’il s’y passe, les personnes les mieux placées pour juger de la réalité de la consommation des repas par les enfants sont les serveuses et serveurs..

Entre août et décembre 2014, un constat identique est fait à l’occasion d’une nouvelle réunion.

« J’ai donc proposé de retirer le pain pour voir, sur 6 mois, de janvier à juin 2015. Puis, il y a eu une autre réunion, les cantinières ont constaté qu’il n’y avait plus de gaspillage « que les assiettes étaient vides. Je me suis dis pourquoi ne pas continuer ? Et c’est ce que j’ai fais. Les enfants mangent trop de pain, ça suffit ! Ce n’est pas une décision que j’ai prise toute seule, mais en concertation avec les cantinières. C’est aussi pour lutter contre l’obésité. Ce que je veux c’est qu’ils mangent le repas équilibré qui leur est proposé tous les jours. Je souhaite qu’ils profitent d’un vrai repas et non pas seulement de pain » déclare-t-elle.

Au début les parents d’élèves ont très mal pris les choses, mais il fallait juste leur expliquer. Certains d’entre eux ont demandé une baisse du tarif, parce qu’il n’y a plus de pain dans le repas, alors que le tarif est facturé seulement 100 F par repas. Réticents au départ, ils mettaient même du pain dans le sac de leurs enfants. Aujourd’hui ça va beaucoup mieux.

Les maires délégués des communes associées ont été bien informés de cette décision importante et ils ont pu toucher certains administrés. Certains parents ont résisté jusqu’à ce qu’ils comprennent la démarche de la commune. « C’est très important de réunir les élus au départ pour les informer de la démarche pour qu’ils puissent à leur tour l’expliquer aux administrés. » dit encore Céline Temataru.

« Il n’est pas toujours facile d’affronter les parents parce qu’ils peuvent être virulents, mais il faut réussir à leur expliquer une telle décision. Une fois qu’ils adhèrent c’est beaucoup plus simple.

Je pense que dans la durée, c’est une bonne décision que j’ai prise et je ne la regrette pas, le repas s’est amélioré.»

Seul bémol de l’opération, les éleveurs de cochons de l’île sont mécontents car il n’y a plus de restes alimentaires pour nourrir leurs bêtes, car tous les enfants mangent désormais le contenu de leurs assiettes. C’est évidemment un moindre mal, si on le compare à tous les aspects positifs qui ont découlé de la décision prise par le tavana.

Les projets à venir

Pour aller plus loin, aujourd’hui, Céline Temataru et son conseil municipal souhaitent remplacer le pain par un morceau de manioc ou de taro. C’est en cours de réflexion. Cela aidera également les agriculteurs de l’île.

D’autre part « Il n’y avait plus de ma’a tahiti servit dans nos cantines. Depuis août 2015, nous avons mis en place un ma’a tahiti par mois et à la prochaine rentrée ce sera 2 fois par mois » conclut la tavana.