Atelier de cuisine de Teva I Uta : de l’idée à la réalisation

La commune de Teva I Uta a inauguré le jeudi 11 juin 2020 un nouvel atelier de cuisine communal. Cet espace, aménagé dans le Centre des Jeunes Adolescents (CJA) de la commune possède tout l’équipement nécessaire à la préparation des repas. Impliquée depuis quelques années dans la restauration scolaire du premier degré, la commune en est convaincue, la bonne santé passe par une bonne alimentation !
Les équipements présents dans le nouvel atelier cuisine de Teva I Uta

La commune de Teva I Uta est adhérente à la compétence restauration du Syndicat pour la promotion des communes de Polynésie Française, elle a pu de ce fait, bénéficier de l’accompagnement du département restauration scolaire. Plusieurs séminaires sur la restauration scolaire ont notamment été dispensé pour la commune. En outre l’élue délégataire en charge de la restauration scolaire Namoeata BERNARDINO (également devenue élue formatrice pour le département RS du SPCPF), déjà très impliquée, a pu se former au fur et mesure et participer à de nombreuses actions et missions en et hors Polynésie qui lui ont permis de découvrir de nombreux outils et de nouvelles pratiques qu’elle a su s’approprier et reproduire dans sa propre commune.

L’atelier de cuisine communal de Teva I Uta mis en place a lui-même été inspiré par le « cooking class » mis en place par la commune de Taputapuatea, que l’élue de Teva I Uta a découvert lors d’une mission de terrain. Admirative du travail effectué dans la commune, elle en a fait part à son Tavana qui s’est à son tour déplacé accompagné d’une délégation de sa commune pour s’inspiré des outils mis en place par son compère.

Ce projet s’inscrit parmi une longue liste de projets que la commune souhaite mettre en place et met l’accent sur des enjeux forts tels que la santé et l’éducation.

Tearii ALPHA, maire de la commune de Teva I Uta répond à nos questions :

Question 1 : La commune de Teva I Uta s’est engagée depuis quelques années vers une amélioration du service de restauration scolaire, pourriez-vous nous donner votre vision sur ce domaine ? Quels sont les engagements que la commune a pris ?

La commune de Teva I Uta est très impliquée dans la restauration scolaire du premier degré. Cela était déjà le cas lors de mon précédent mandat durant lequel la commune a d’ailleurs sollicité un véritable accompagnement de la part du département restauration scolaire du Syndicat pour la promotion des communes de Polynésie afin d’améliorer la qualité des services de restauration de la commune.

La commune a également été commune pilote dans le projet sur la lutte contre le gaspillage alimentaire piloté par le SPCPF. Dans ce projet, nous avons cherché avec les élus de la commune à mieux maîtriser les repas servis aux enfants pour éviter le gaspillage alimentaire dans les différentes structures de restauration scolaire de la commune. Nous avons réussi à baisser de 30%[1] le volume de déchets alimentaires jetés quotidiennement.

Aujourd’hui Teva I Uta souhaite se lancer de nouveaux challenges en s’engageant à utiliser plus de produits locaux dans la restauration scolaire du premier degré. En effet, la commune veut servir des fruits et des légumes locaux mais aussi du poisson et de la viande locale voir même des produits laitiers « made in fenua ».

Notre objectif à très courte terme est de mettre 50% de produits locaux dans nos menus en restauration scolaire du premier degré. Nous voulons également que ces produits soient de qualité, nous visons donc des produits biologiques. C’est pourquoi, dès la prochaine rentrée scolaire, avec mon équipe mais aussi les agriculteurs de la commune (notamment des agriculteurs agro-biologique, conventionné ou en reconversion biologique), nous allons travailler sur de nouveaux menus que nous pourrons proposer aux enfants de la commune.

La commune à la chance de compter parmi ses administrés un agriculteur (Jean-Baptiste TAVANAE) qui est une figure du SPG Biofetia et qui est également formateur en agriculture biologique. C’est essentiellement avec lui que nous travaillerons pour former et initier les agriculteurs de la commune à la production de produits meilleurs pour la santé et meilleurs pour les assiettes de nos enfants.

Question 2 : Pourquoi la commune de Teva I Uta a-t-elle mis en place cet atelier de cuisine communal ? Quels sont les enjeux pour la commune ? 

L’atelier de cuisine communal ou atelier d’application est née des concertations avec les parents d’élèves, les structures scolaires et également les différentes confessions religieuses. Tous ensemble, nous avons décidé de créer cet atelier, que le Directeur du CJA, Daphnis POROI a accepté d’installer dans son établissement.

Cet atelier est ouvert aux enfants du CJA, ainsi qu’aux enfants de la « cité » scolaire de Papeari, puisque toutes les écoles seront très prochainement à moins de 500 m du CJA.

La commune a pour ambition, d’apprendre ou ré-apprendre, aux enfants mais aussi à leur famille, à cuisiner sainement, à utiliser des ingrédients de qualité et surtout à préparer des repas équilibrés au quotidien.

La santé, l’éducation, le développement durable sont des enjeux forts que nous souhaitons traiter au travers de ce projet. Nous sommes certains qu’adopter de bonnes habitudes alimentaires et consommer des produits locaux de qualité favorisera la bonne santé de notre population.

Question 3 : Revenons concrètement au projet de l’atelier de cuisine : Quelles ont été les démarches pour la mise en place du projet ? Combien de temps cela a-t-il pris à la commune pour le mettre en place, depuis sa conception jusqu’à son inauguration ?

Le projet de cuisine communal est inspiré du cooking class mis en place à Taputapuatea.

Au retour de notre mission sur Raiatea, nous avons commencé à réfléchir à sa mise en œuvre sur Teva I Uta. Comme je le disais ce projet a été créé en concertation avec toute mon équipe mais aussi la population de Teva I Uta.

La commune a mis 15 mois à le mettre en place, entre le vote de la délibération en conseil municipal et la réalisation. Il aura au total coûté 5 millions de francs.

Je tiens d’ailleurs à remercier tous les partenaires qui nous ont permis de mener à bien le projet et notamment la Caisse de Prévoyance Sociale (CPS), sa direction et le conseil d’administration pour avoir soutenu le projet et participé au financement des équipements destinés à cet atelier de cuisine à hauteur de 50%.

Je remercie bien évidemment le SPCPF qui nous accompagne avec son département restauration scolaire depuis plusieurs années.

Teva I Uta a également la chance d’avoir une élue référente de la restauration scolaire très impliquée pour sa population, en la personne de Namoeata BERNARDINO, que nous souhaitons encourager pour aller plus loin et mettre en place de nouveaux projets.

 

Question 4 : Qui aura accès à l’atelier de cuisine ?

Je compte soutenir toutes les initiatives qui viendront des familles. Notamment l’organisation de concours culinaires ou des challenges (comme nous l’avons fait récemment) et continuer à promouvoir la meilleure santé à travers les assiettes et la gastronomie du quotidien.

L’atelier installé au CJA est une première étape. Un autre atelier est déjà prévu sur la commune de Mataiea, à la cantine de l’école Mairipehe.

L’atelier est ouvert à tous les enfants de la maternelle et du primaire de la commune. Véritable point stratégique puisqu’elles sont toute s situées à proximité les unes des autres. Des visites et des ateliers seront donc organisés régulièrement. L’objectif étant que le goût et la gastronomie polynésienne soient valorisés.

Question 5 : Auriez-vous des conseils à donner aux autres communes qui souhaiteraient se lancer dans ce type de projet ?

Je pense qu’il est temps pour nous Tavana et conseillers municipaux de Polynésie Française de promouvoir les produits locaux dans les assiettes de nos enfants. De mettre le meilleur de la Polynésie dans nos assiettes scolaires, de soutenir les circuits-courts de commercialisation et donc soutenir l’achat des produits locaux qui sont issus des champs des agriculteurs de la zone. D’autres se sont lancé avant nous, nous avons décidé de le faire à notre tour et j’invite tous les Tavana à faire de même, c’est non seulement de l’économie verte que nous soutenons mais c’est aussi les produits de santé et de qualité de notre Pays.

 

[1] Réduction du poids total des pertes entre la première et la deuxième période de mesure